Interview de Chloé Wary, illustratrice et autrice de bande dessinée

Chloé Wary, l’artiste qui a conçu l’affiche officielle de la Convention Nationale des MJC 2025, est une autrice de bande dessinée née en 1995 en banlieue parisienne. Bédéiste initiée à la BD à la MJC de Chilly-Mazarin (91), elle a été distinguée par le prix du public d’Angoulême et le prix Artémisa en 2020. Comme Nicole Ferroni, Eddy de Pretto ou Grand Corps Malade, son parcours professionnel est intimement lié à son passage par les MJC.

Découvrez notre interview pour en savoir davantage sur le parcours inspirant de Chloé Wary !

L'interview

Qui êtes-vous ?

Je suis autrice de bande dessinée. La bande dessinée, c’est arrivé assez tard, j’ai découvert en études supérieures, dans l’accès à une forme de culture que je ne connaissais pas, indépendante. J’ai eu accès à ces auteurs-là, je ne pensais que ce ne pouvait pas être autre chose que Tintin, Astérix, j’ai eu accès à des planches différentes. David B, L’Ascension du Haut Mal, j’étais assez troublée, aussi Marjane Satrapi, Persépolis, ce sont des traits que je n’avais jamais vus.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ces œuvres ? Ce qui m’a marquée, c’est la manière dont ces œuvres abordaient des sujets intimes et politiques en même temps. Elles montraient que la BD pouvait être un outil puissant pour raconter des histoires personnelles tout en ayant une portée universelle.

J’ai commencé la lecture au collège à travers les mangas ; je dessinais avant, à la MJC. Mes premiers pas à la MJC, j’avais 6 ans, c’étaient des cours de dessin pour les enfants, le samedi ou mercredi. En 2008, en 4e, j’avais 13 ans, des cours de BD ont ouvert à la MJC, j’y suis restée 3-4 ans. J’ai découvert l’ancrage, le story-board, le crayonné. C’était en parallèle de toutes mes lectures de mangas, avec des copines en s’échangeant des références. Un mélange entre toutes les références, en faisant de l’aquarelle, un réel mélange de couleurs. On explore les techniques de dessin.

Qu’est-ce que ces années à la MJC vous ont apporté ?

Elles m’ont apporté un cadre bienveillant pour expérimenter, un endroit où je pouvais partager mes créations sans crainte du jugement. J’ai aussi appris à travailler en collectif, à comprendre que l’art est aussi un dialogue.

J’arrête les cours de BD en seconde, l’année d’après, la MJC est rasée.

Votre bande dessinée, Rosigny Zoo évoque une maison de quartier, quel lien y faites-vous avec la MJC de Chilly-Mazarin ?

Sur Rosigny Zoo, ce n’était pas réellement prévu, la fermeture de la MJC était réellement traumatisante, il y avait un traumatisme à voir une MJC être détruite. Il y avait de la musique, de la danse, du cinéma… cela s’est cristallisé en moi, il fallait que tous mes personnages se retrouvent dans un lieu commun, faisant le lien avec Pascaline.

La MJC, c’est un lieu où on fait du commun, avec des gens qu’on n’aurait peut-être jamais rencontrés ailleurs, où l’imaginaire collectif fleurit, un melting-pot générationnel. Il y a des vieux, des indécrottables du tissu associatif qui ne lâcheront jamais, des jeunes qui passent, et d’autres qui reviendront plus tard, parce qu’ils se sont sentis bien, avec la volonté de retrouver ces sensations-là ; c’est un espace où on se sent bien, on rentre, c’est ouvert à tous.

Les MJC, ce sont des lieux qui permettent aux jeunes d’avoir un espace d’expression en dehors des cadres scolaires ou familiaux. Sans ces espaces, on risque de perdre une partie de la diversité culturelle et de la créativité populaire.

Quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ?

Le trio gagnant féminisme, antiracisme, toutes ces luttes d’une gauche en colère, avec une volonté d’un monde plus doux, plus poétique, où on laisse la créativité des gens s’exprimer. On en a vraiment besoin. J’écoutais Patrick Chamoiseau, il fait trop bien, il passe de la pommade, il fait plaisir, une lecture du monde lucide, donnant des clés pour comprendre comment on arrive à un tel point de tension, avec des pistes pour envisager le monde, les relations entre les gens. C’est possible de vivre d’une manière plus horizontale, de ne pas vivre dans un rapport de domination, je les recommande.

Laisser la créativité s’emparer du moment, ce sont des bouffées d’air frais.

Publications

▪️ 2023, FLBLB, Rosigny Zoo

▪️ 2021, La Ville Brûle, Dreamteam

▪️ 2020, Steinkis, Beethov sur Seine

▪️ 2020, Casterman (collectif), La Queen

▪️ 2019, FLBLB, Saison des Roses

▪️ 2017, Steinkis, Conduite interdite

L'affiche de la Convention Nationale des MJC signée Chloé Wary

Affiche officielle de la Convention Nationale des MJC 2025 par Chloé Wary

 Les Maisons des Jeunes et de la Culture tissent dans l’action, avec les habitants, les collectivités locales et le soutien des institutions, le lien social indispensable au bien vivre ensemble.

Bâties sur des valeurs républicaines, sur les principes de laïcité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité, mobilisant les savoir-faire de l’éducation populaire, les MJC intègrent les attentes d’une société en évolution avec pour ambition de répondre aux grands enjeux du XXIème siècle.

MJC de France, c’est un réseau de 1000 associations locales, organisées régionalement, dont les actions bénéficient à près de 4 millions de personnes et qui s’appuie sur 43 000 bénévoles et 17 500 salariés pour coconstruire des projets locaux au service de l’intérêt général.

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