Portrait de maisons engagées dans les transitions écologiques et sociale


MJC de France s’engage dans les transitions écologique et sociale, et met en lumière des structures du réseau qui placent ces problématiques au cœur de leurs projets. Dans cette série de “portraits de maisons engagées”, on vous emmène à la découverte de lieux, de personnes, et de démarches transformatrices.

Bienvenue à la Maison-Phare ! 

Au cœur du quartier de la Fontaine d’Ouche de Dijon, habité par 18.500 personnes,en partie classé en quartier politique de la ville (QPV), on trouve un lieu inédit. Au pied des tours d’habitations des années 70, niché dans un îlot de verdure d’où un ruisseau prend sa source, on découvre un café-restaurant associatif et un espace de maraîchage joliment entretenu. Le café, en ce mercredi, est très animé. On  retrouve Salwa et Fahima, entourées de nombreux et nombreuses bénévoles, habitants et professionnels qui s’affairent. Certains sont en train de récolter des poireaux en préparation du marché du mercredi après-midi, d’autres épluchent des pommes de terre en cuisine  pour le service du midi, d’autres enfin sont en pleine réunion pour évoquer les événements qui auront prochainement lieu dans les rues du quartier. 

Ce lieu, c’est le Café associatif de la Maison-Phare, adhérente à la FRMJC Bourgogne Franche-Comté

A notre arrivée, un détour par le comptoir s’impose, pour y déguster une boisson chaude, et l’échange se tisse rapidement avec Renée, Marie et Kaïna, toutes les trois bénévoles, qui s’affairent avec Hannan, la cheffe salariée du restaurant associatif. Elles nous expliquent le plaisir de se retrouver chaque semaine dans un lieu où elles sont bien accueillies et elles prennent du plaisir à faire ensemble. Chaque semaine, elles s’affairent pour que le midi, accessibles à toutes les bourses, des repas puissent être servis, alternant d’une semaine à l’autre un menu avec du poisson, un menu végétarien et enfin avec de la viande.

Aux origines d’un engagement pédagogique dans les transitions écologiques et sociales

La Maison Phare existe depuis 2016 ; “maison”, pour marquer la volonté de créer un lieu chaleureux où chacun et chacune puisse se retrouver, “phare”, en se voulant comme un lieu de repère. 

Tisser le collectif, créer progressivement les instances d’une structure associative ont été les étapes centrales au démarrage. Au départ, les ateliers de rue jouent un rôle très important pour impliquer les habitants ; des cantines de rue, des événements artistiques et culturels, puis le bouche à oreille, permettant au réseau de s’étendre et de donner vie au projet collectif. 

Rapidement, un café est créé, cela manquait au quartier qui ne disposait que d’un seul café. Le café s’est développé, et est devenu aussi restaurant. 

En 2019, l’association s’ancre dans la terre, et s’implique sur un petit terrain maraîcher situé  à quelques kilomètres, au sein de la micro-ferme du Cercle Laïque Dijonnais, où elle y organise des activités pour les jeunes et les moins jeunes. 

Quand la ville de Dijon remporte l’appel à projets Quartiers Fertiles de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), cela a permis de développer le maraîchage collectif, au pied de son café-restaurant. Pour mettre en place ce premier jardin, il a fallu informer les  habitants, qui se sont impliqués. Lorsque l’idée de lancer un deuxième jardin maraîcher à proximité a émergé, des craintes pouvaient être ressenties au sujet de l’usage du terrain.

En parallèle de cela, l’association lance des jardins partagés accueillent plus de 60 familles, qui cultivent à la fois des carrés de jardins individuels et des parcelles collectives.

En 2023, la réhabilitation d’un local pour en faire une conserverie offre un nouveau débouché pour les légumes issus des potagers collectifs.

Ainsi, la MJC s’est donc investie “de la fourche à la fourchette”, dans des jardins partagés, le maraîchage collectif, la conserverie et la restauration, rassemblant jeunes et moins jeunes autour d’un espace de culture en pleine ville.

Favoriser l’accès à une alimentation de qualité et respectueuse de l’environnement, agir sur les habitudes alimentaires, nourrir la fierté du “faire ensemble”

La production alimentaire des jardins gérés par la Maison-Phare s’élève à environ 5 tonnes de légumes par an, issus des 3000 m² des 3 jardins. Cette production est dédiée aux adhérents et adhérentes de la Maison uniquement. Le marché est fréquenté par une centaine de familles du quartier, adhérentes à l’association. Le restaurant, c’est une cinquantaine de repas servis chaque midi, valorisant une partie des légumes produits par l’association.  Enfin, la conserverie a pour objectif de produire 5000 bocaux, commercialisés à un prix adapté, en transformant les légumes en surplus issus des potagers collectifs de l’association, mais aussi des légumes issus de maraîchers voisins.

Les potagers collectifs sont conduits en agriculture biologique, selon des techniques de permaculture, afin de limiter les impacts sur l’environnement.

Les quantités produites et consommées restent relativement faibles par rapport aux besoins du quartier. Cependant, le projet a d’autres impacts moins tangibles. Même si c’est difficilement mesurable, il y a une contribution au changement d’habitude alimentaire, le rapport aux légumes des enfants semble évoluer. “Il est remarquable de constater que, bien cuisinés, les légumes plaisent à tous !” estime Mathieu Depoil, directeur de la Maison-Phare. Selon lui, il y a aussi un impact sur le sentiment de fierté, un plaisir partagé à produire ensemble des produits de qualité. “Nous constatons que les gens prennent du plaisir à participer, ce qui était l’un des objectifs initiaux”. 

Ce projet participe à la revalorisation des espaces urbains tout en créant un lieu d’échange interculturel, intergénérationnel. “Ca fait 9 ans qu’on est là ; on a expérimenté, on a tenté des choses. Le projet m’anime en tant que salarié. Ça prend du temps de faire émerger, mais on sème des choses dans une société de l’immédiateté ; on aime contribuer. Le potager est un support : faire soi-même, faire ensemble” nous explique Yohan, maraîcher. 

Agriculture urbaine, restauration, transformation alimentaire… des défis humains,  techniques et financiers à relever

Ces projets ont nécessité la formation des membres de l’association, ou le recrutement de personnes aux compétences spécifiques, l’appui de partenaires experts, et de financeurs.

Aujourd’hui, l’association salarie à plein temps un maraîcher, grâce au financement de l’ANRU dans le cadre de l’appel à projets Quartiers Fertiles. Cet appel à projet a aussi permis de financer des investissements au départ, comme l’achat d’un camion. La conserverie a été lancée par une alternante de l’école d’ingénieur agronome d’AgroSup Dijon. Pour la restauration, une cheffe est salariée de l’association. Le développement de projets agricoles en milieu urbain a nécessité de relever plusieurs défis techniques. Utilisation des sols, recours à l’eau d’irrigation…Comment irriguer les productions ? Aujourd’hui, l’irrigation est réalisée avec l’eau du réseau d’eau potable, parce qu’il n’est pas possible de réaliser un forage, et que la récupération d’eau de pluie est compliquée. Quelles analyses de sol faut-il conduire ? Il faut s’assurer que le sol n’est pas pollué, et adapté au maraîchage. Pour ces problématiques techniques, la Maison-Phare s’est faite accompagner par l’Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle (AFAUP), et le Jardin de l’Arquebuse à Dijon.

Dans la restauration, il y a de nombreux défis réglementaires, techniques. Il a fallu se former aux normes HACCP.

L’implication et le dialogue avec les habitants est l’une des clefs du projet. Aujourd’hui, deux fois par semaine, les bénévoles peuvent venir prêter main forte sur les potagers collectifs.

La Ville de Dijon, la métropole de Dijon et l’ANRU ont contribué à la réussite du projet. 

Mais selon Mathieu DEPOIL, directeur de la Maison-Phare, il est encore trop tôt pour parler de réussite, mais il indique que quand les gens admirent les légumes, viennent et reviennent, avoir une fierté. 

Dans le projet, chacun et chacune a sa place, que ce soit au café, au potager, à la friperie ou dans les activités jeunes.

L’engagement social : solidarité et inclusion au cœur des actions

“on voit le succès, quand, à la fin de chaque marché, tout a été vendu et que les gens passent en disant que les légumes sont magnifiques”. 

Le restaurant est solidaire, ouvert aux familles en difficulté économique. L’association organise régulièrement des collectes de vêtements et de nourriture pour les personnes en situation précaire.

La dimension intergénérationnelle est également un pilier central de l’action sociale de la MJC. Des ateliers de transmission de savoirs entre jeunes et seniors, comme des cours de couture ou de bricolage, permettent de créer des liens forts entre les différentes générations. Ces projets visent à réduire les fractures sociales tout en favorisant le vivre-ensemble.

Le maraîchage attire aussi des personnes en situation de vulnérabilité, notamment du Centre Hospitalier . L’accompagnement de ces bénévoles représente un défi, et nécessiterait un poste  à mi-temps, constate Mathieu Depoil.

Une vision ambitieuse pour l’avenir

Malgré une incertitude permanente, les projets ne s’arrêtent pas là : depuis peu, la Maison-Phare a ouvert un “terrain d’aventure” pour permettre de construire des cabanes, où l’on retrouve un four à pizza, des ateliers de bricolage en plein air, d’observations de l’environnement. 

La Maison-Phare souhaiterait continuer de développer la conserverie, et envisage aussi de créer une épicerie solidaire, en partenariat avec une association spécialisée dans le vrac. Pour poursuivre le développement du maraîchage collectif, l’association souhaite installer une serre qui permettrait d’allonger la durée de production (plus tôt au printemps, plus tard à l’automne). 

“C’est au coeur de l’idée d’une éducation à l’environnement, l’école du dehors ou encore la pédagogie sociale, la pratique du dehors comme espace d’interaction sociale à l’image du milieu de vie, croisant à la fois les besoins et les rapports sociaux, considère ainsi l’écologie comme un tout dans lequel toute personne a toute sa place au même titre que le vivant humain et non humain” indique Mathieu Depoil. 

A propos de MJC de France

Les Maisons des Jeunes et de la Culture tissent dans l’action, avec les habitants, les collectivités locales et le soutien des institutions, le lien social indispensable au bien vivre ensemble.

Bâties sur des valeurs républicaines, sur les principes de laïcité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité, mobilisant les savoir-faire de l’éducation populaire, les MJC intègrent les attentes d’une société en évolution avec pour ambition de répondre aux grands enjeux du XXIème siècle.

MJC de France, c’est un réseau de 1000 associations locales, organisées régionalement, dont les actions bénéficient à près de 4 millions de personnes et qui s’appuie sur 43 000 bénévoles et 17 500 salariés pour coconstruire des projets locaux au service de l’intérêt général.

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