L’AG de MJC de France s’est tenue les 20 et 21 juin au CPA Lathus. L’AG de MJC de France a été l’occasion d’adopter la résolution inscrivant les MJC dans une stratégie ambitieuse et un parcours d’engagement sur les enjeux centraux des transitons.
Durant ces deux journées, les participants et participantes ont échangé, dialogué, se sont formé et ont débattu sur l’actualité et sur la transition écologique.
La journée du vendredi a été marqué par une visite du CPA Lathus avant d’échanger dans des ateliers autour des coopérations culturelles entre MJC en milieu rural, sur les enjeux d’espaces naturels et de biodiversité et sur l’accompagnement des collectivités sur les défis des transitions.
Le samedi matin, place à l’Assemblée générale avec l’adoption de la motion pour inscrire les MJC en transitions et le samedi après-midi un temps d’échanges et de dialogue autour de l’atelier 2tonnes.
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Le mot de Jean-Yves Macé
Commençons par évoquer le contexte actuel de l’éducation populaire et de la vie associative. Quelles sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées dans ce domaine ?
Effectivement, l’éducation populaire et la vie associative font face à des défis de taille. Actuellement, nous observons une tendance à la sous-estimation de leur importance dans la société. Les politiques publiques ont perdu en ambition, ce qui se traduit par un manque de financement et de soutien. De plus, la fragmentation de la société et la montée des idées d’extrême droite rendent leur rôle encore plus crucial mais également plus difficile à remplir.
Vous mentionnez l’importance de l’éducation populaire dans la société. Pourriez-vous préciser en quoi consiste cette importance et comment les MJC contribuent à cette mission ?
Absolument. L’éducation populaire vise à promouvoir l’émancipation individuelle et collective en offrant des espaces de formation et d’échange accessibles à tous et toutes.
Les MJC contribuent pour leur part : là où elles interviennent, là où elles sont établies, elles sont les acteurs au travail d’un soin (on pourrait dire du « care ») qu’elles apportent à la société dans toutes sa diversité. Mais, alors qu’elles sont les héritières d’une période qui les a vu au premier plan des politiques publiques et de la contribution aux projets de redressement du pays au lendemain de la guerre, puis pendant les trente glorieuses et jusque dans les années 1980, elles ont perdu de la place qu’elles occupaient dans l’espace social, et sont devenues invisibles, dixit notre ministre de la Culture.
Les politiques publiques ont perdu de l’ambition qu’elles affichaient au sortir de la seconde guerre mondiale pour les jeunesses. Pourtant les jours heureux n’ont rien perdu de leur actualité, ni la République des Jeunes lancée en 1944 par André Philip.
Cependant : le besoin d’éducation populaire dans la société est intact, et même grandissant. Notre société est en panne dans sa capacité à apaiser les troubles de la croissance que sont la pauvreté, la disqualification sociale, l’isolement, la peur du déclassement, le repli sur soi, la peur et la méconnaissance de l’autre qui font progresser les idées d’extrême droite, dans tous les champs de la société, tel un cancer destructeur. « L’art de s’éduquer par soi-même avec d’autres » (Condorcet) reste aujourd’hui une condition indispensable au mieux vivre ensemble, gravement menacé par la domination exercée sur les individus (économique, sociale, morale, religieuse). L’État n’assure pas assez son rôle de régulation d’un marché tout puissant qui broie les hommes et femmes dans leur travail, dans leur famille, dans leurs loisirs et jusque dans leurs rêves face à un modèle de société qui continue de reposer sur la croissance et le développement de l’économie pour elle-même et les actionnaires, alors que celle-ci n’a de sens que si elle est au service du plus grand nombre, de la qualité du vivre ensemble, et du progrès social…
Vous évoquez également le contexte historique, notamment en faisant référence à la République des Jeunes en 1944. En quoi cet héritage historique est-il pertinent aujourd’hui ?
L’histoire des MJC et de l’éducation populaire en général offre un précieux héritage sur lequel nous pouvons nous appuyer pour comprendre les enjeux actuels et orienter nos actions. La République des Jeunes symbolise l’idéal d’une société plus juste et solidaire, une aspiration que nous devons continuer à défendre et à actualiser dans notre travail quotidien.
L’anniversaire permet de raviver aussi l’actualité de l’utopie que le CNR menait avec le programme des Jours Heureux. La comparaison avec les temps que nous connaissons ne saurait se poursuivre sans interroger notre propre rapport à l’utopie. Sommes-nous aujourd’hui en mesure de renforcer notre capacité de transformation de la société ? Sommes-nous en mesure de partager une ambition qui tranche avec les fractures profondes qu’endure la société ? Comment lutter contre le progrès des idées et des attitudes destructrices du lien social, de l’accueil inconditionnel que les MJC pratiquent ?
Parlons maintenant des défis concrets auxquels sont confrontées les MJC. Pouvez-vous nous en dire plus sur les difficultés rencontrées sur le terrain ?
Bien sûr. Les MJC font face à des contraintes financières importantes, ce qui limite leur capacité à mener à bien leurs projets. La dimension économique et financière des alliances est un point déterminant : la fragilité des structures associatives exige de s’entourer des plus grandes précautions afin de projeter la vie de cette alliance dans l’avenir, et s’assurer tant que faire se peut de la pérennité du projet.
La question des tensions sur les métiers de l’éducation populaire reste prégnante. Cette situation tient instamment aux conditions économiques qui prévalent à l’économie globale du secteur Les rémunérations, l’accès à la formation des futur.es professionnel.les ne sont pas suffisamment attractives pour assurer l’embauche et le renouvellement nécessaire ; on manque de personnels, et il est difficile de trouver les cadres compétents dont la branche a besoin.
Enfin, la reconnaissance de leur rôle par les autorités et les partenaires institutionnels reste un défi majeur. Le travail avec le ministère de la Culture a permis d’acter une nouvelle reconnaissance des acteurs de l’Éducation populaire en matière d’action et de médiation culturelles. La signature de cette charte le 16 mai dernier marque une date importante de l’histoire écrite entre le ministère de la culture et les 11 fédérations d’éducation populaires signataires de conventions d’objectifs avec lui.
En conclusion, quelles actions peuvent être entreprises pour soutenir et renforcer le rôle des MJC et de l’éducation populaire dans la société ?
Pour soutenir les MJC, il est essentiel de reconnaître leur importance et de leur accorder les moyens nécessaires pour remplir leur mission. Cela passe par un engagement politique fort, mais aussi par une mobilisation citoyenne en faveur de ces valeurs fondamentales d’émancipation et de solidarité. En travaillant ensemble, nous pouvons construire une société plus juste et plus solidaire.
Le rapport d'activité
A propos de MJC de France
Les Maisons des Jeunes et de la Culture tissent dans l’action, avec les habitants, les collectivités locales et le soutien des institutions, le lien social indispensable au bien vivre ensemble.
Bâties sur des valeurs républicaines, sur les principes de laïcité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité, mobilisant les savoir-faire de l’éducation populaire, les MJC intègrent les attentes d’une société en évolution avec pour ambition de répondre aux grands enjeux du XXIème siècle.
MJC de France, c’est un réseau de 1000 associations locales, organisées régionalement, dont les actions bénéficient à près de 4 millions de personnes et qui s’appuie sur 43 000 bénévoles et 17 500 salariés pour coconstruire des projets locaux au service de l’intérêt général.
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