Rechercher

Un projet associatif pour renforcer le lien fédératif

La Fédération des MJC d’Alsace a engagé depuis deux ans une démarche inédite : l’écriture de son premier projet associatif. Ce travail collectif a permis de clarifier les intentions, de renforcer les liens avec les associations membres et de poser les bases d’un accompagnement renouvelé pour réaffirmer les valeurs de l’éducation populaire et accompagner les mutations sociales et environnementales. Le projet associatif a été adopté lors de l’AG de juin dernier. Auparavant, un livret d’accueil a été produit, construit au fil des années, pendant 20 ans. Mis à part ce livret d’accueil, la fédération n’avait jamais formalisé par écrit ses grandes orientations. « Ce n’était pas une priorité, explique un administrateur, mais il est apparu nécessaire de coucher sur le papier nos valeurs et nos intentions » avec un objectif : articuler la théorie et la pratique.

Une démarche participative : un cheminement aussi important que l’arrivée

Un comité de pilotage, composé d’administrateurs et de professionnels, a piloté la démarche. Les travaux ont débuté par des temps collectifs, notamment un « world café » réunissant élus, associations membres et partenaires en juin 2023. La volonté de ce comité de pilotage est d’être plus présent et de rencontrer l’ensemble du réseau, tant les professionnels des trois secteurs (périscolaire, jeunesse, et personnes du siège) que les partenaires croisés sur les temps de travail. Quinze affiches de réflexions ont permis de dégager progressivement des thématiques partagées. Pour nourrir le travail, une tournée des associations a été organisée : 70 à 75 % du réseau a été rencontré par des binômes administrateur-coordinateur. Ces visites ont permis de renouer le contact, de recueillir les préoccupations locales et parfois de résoudre directement certains problèmes.

C’est faire la démarche d’aller vers, car certaines associations n’osaient pas aller vers la fédération. Le souhait était de prendre du recul et donc avoir quelqu’un d’extérieur qui accompagne ce pilotage, de la démarche à la méthodologie, afin d’avoir un regard extérieur. Ils se sont appuyés sur leur propres forces. Ces binômes sont également présents dans beaucoup de moments informels après les visites, lors de soirées où les discussions et informations fusent aussi, au plus proche du réseau.

L’accompagnement de la vie associative renforcé

La démarche a abouti à la création d’un poste de « chargé·e de vie associative » afin de renforcer lelien et le faire perdurer avec toutes les associations et accompagner la vie associative. C’est un poste nécessaire, validé par le CA, qui marque que le plus gros est à faire.

S’ancrer dans les grands enjeux contemporains

Au-delà de la vie associative, le projet s’ancre dans les enjeux contemporains : transition écologique, inclusion, genre, mixité, handicap… Autant de thèmes parfois débattus, mais jugés incontournables par la fédération. « Nous ne sommes pas spécialistes, mais nous devons en parler », résume Erwann Fest, administrateur de la FDMJC Alsace.

Le projet associatif alsacien illustre une volonté claire : consolider le rôle fédératif, réaffirmer les valeurs de l’éducation populaire et accompagner les mutations sociales et environnementales.

Interview d’Erwann Fest et Sandra Guilmin, administrateurs de la FDMJC Alsace

« Comment est née la volonté de renouveler le projet associatif ?

Sandra : Lors de nos séminaires d’administrateurs, le besoin de clarifier nos intentions revenait souvent. On avait déjà des pratiques, mais pas de texte de référence. C’était le moment de prendre le taureau par les cornes.

Erwann : Ce n’est pas une réécriture mais une première écriture. Tout s’était construit de manière empirique depuis vingt ans. Mettre nos idées sur papier, c’était vérifier que l’on partageait une vision commune.

Dans le chemin pour renouveler le projet associatif, une tournée des associations a été faite, qu’avez-vous retenu de la tournée des associations ?

Sandra : C’est l’une des étapes les plus marquantes. Beaucoup d’associations n’osaient pas venir vers la fédération, alors nous avons décidé d’aller vers elles. Nous avons rencontré environ 70 % des structures, avec un administrateur et un coordinateur à chaque fois. Ces visites ont recréé du lien, parfois avec des associations que l’on avait perdues de vue. Certaines ont exprimé des problèmes précis et nous avons pu agir directement.

Erwann : Ces rencontres ont pris du temps – presque un an – mais elles ont été précieuses. On est allés des associations très investies, comme celles engagées sur les Équipements de Vie Sociale ou des actions nationales, jusqu’à celles qui ne savaient même pas où se trouvait le siège de la fédération. Partout, nous avons pris la température. Les associations ont remonté des questions statutaires, politiques, liées au renouvellement des instances… Cette tournée a permis de raccrocher les wagons et de relancer la vie associative. Certaines MJC ont repris contact grâce à cette démarche.

Quelles valeurs sont ressorties de ce travail collectif ?

Sandra : Les grands principes se sont affirmés dès les premiers ateliers : la coopération, la mixité, l’inclusion, l’importance d’agir ensemble. Les discussions ont montré que ce n’étaient pas seulement des mots, mais des lignes de conduite que nos associations se reconnaissaient.

Erwann : En tant qu’administrateurs, nous avons une vision globale. On a constaté un manque de passerelles entre les secteurs : périscolaire, jeunesse, vie associative. La démarche du projet a permis de briser certains a priori et de créer des occasions de mélange des publics. Le chemin a été aussi important que le résultat. Il a mis en place des fonctionnements nouveaux, et rappelé que l’éducation populaire repose avant tout sur des valeurs partagées.

Comment abordez-vous la question des transitions ?

Erwann : La fédération va bientôt fêter ses 80 ans. Certains ont connu une histoire ancienne du réseau, mais les générations passent et la société évolue. Nous devons rester attentifs à ces transformations et avancer dans le consensus. Nous ne sommes pas une association spécialisée sur l’environnement, le genre ou le handicap, mais ces enjeux sont devenus incontournables. On ne peut pas les ignorer. Cela soulève aussi des débats très concrets : un peut-on, en tant qu’institution d’éducation populaire, commander sur Amazon ? signer avec des GAFAM ? Ces choix nous obligent à réfléchir à nos partenariats et à nos pratiques.

Sandra : Le poids du processus est énorme : quand plusieurs personnes mettent sur la table les mêmes sujets, on se rend compte qu’on est au cœur de l’éducation populaire. Le projet associatif doit aider chacun à trouver sa place dans une société en mutation. L’inclusion, le genre, le handicap sont des questions qui frottent, et c’est précisément pour cela qu’il faut continuer à les travailler ensemble.

Erwann : Ce n’est pas uniquement une question de générations, mais aussi de classes sociales. Ces débats nous obligent à garder les portes ouvertes et à rester dans l’accompagnement du changement.

Et maintenant, quelles suites ?

Sandra : Nous avons créé un poste de chargée de vie associative pour entretenir ce lien avec les MJC. En tant que bénévoles, nous ne pouvons pas refaire en permanence une tournée aussi vaste, mais nous voulons garder la main sur le pilotage.

Erwann : Ce projet associatif n’est pas une fin en soi. C’est une base pour accompagner les transitions, inclusion, genre, écologie, et continuer à faire vivre nos valeurs dans un monde en mutation.»

 Les Maisons des Jeunes et de la Culture tissent dans l’action, avec les habitants, les collectivités locales et le soutien des institutions, le lien social indispensable au bien vivre ensemble.

Bâties sur des valeurs républicaines, sur les principes de laïcité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité, mobilisant les savoir-faire de l’éducation populaire, les MJC intègrent les attentes d’une société en évolution avec pour ambition de répondre aux grands enjeux du XXIème siècle.

MJC de France, c’est un réseau de 1000 associations locales, organisées régionalement, dont les actions bénéficient à près de 4 millions de personnes et qui s’appuie sur 43 000 bénévoles et 17 500 salariés pour coconstruire des projets locaux au service de l’intérêt général.

Nos actualités

Facebook
LinkedIn
Email
Retour en haut
Consentement à l'utilisation de Cookies selon le RGPD avec Real Cookie Banner